Les magasins pédagogiques, points de vente et drive que l’on retrouve dans les établissements du réseau CNEAP proposent, à la vente, des produits issus de leurs propres exploitations agricoles, ou provenant des producteurs locaux.

Ils sont pensés pour répondre aux besoins du territoire et aux attentes d’une clientèle dont les envies sont proches de celles de magasins « plus classiques ».

Ils doivent comme tout magasin répondre aux normes d’accessibilité, aux normes sanitaires et rendre l’offre attractive.

Une réponse aux besoins des territoires

Contrairement aux idées reçues, les points de vente sont rarement perçus comme concurrent aux magasins traditionnels, car ils poursuivent avant tout des objectifs de formation et les chefs d’entreprises sont invités régulièrement à rencontrer les élèves et découvrir les innovations.

En développant un magasin au sein des établissements, les équipes pédagogiques et les apprenants peuvent fédérer un collectif de producteurs qui trouvent ainsi des débouchés complémentaires au sein de leur territoire. Ces magasins, fonctionnant sur un approvisionnement local, contribuent à la réappropriation des notions de saisonnalité des productions végétale et animale.

Enfin, adjoindre aux productions de l’établissement des produits issus du territoire local permet aussi de proposer une gamme diversifiée de produits aux clients, dans des espaces où il y a peu de commerces.

Comment faire du concret en vente ? “les lycées de production ont une ferme, nous aurons un magasin CQFD !”

Au sein du réseau des 178 établissements du CNEAP, ce ne sont pas moins de 35 points de ventes qui sont recensés. Des milliers de références sont proposées : aux traditionnels fruits et légumes issus des exploitations agricoles des lycées, de nombreux autres produits ont fait leur apparition dans les étals : fleurs, plantes, Pineau, vin, Cognac, yaourts au lait de bufflone, charcuterie, mais aussi poissons d’ornement, alimentation animale…

« Au LTP Nay-Baudreix de Nay (64) cela fait 20 ans que les élèves en filière horticole participent à la vente de la production issue de l’exploitation du lycée, dans le cadre d’une option commercialisation des produits horticoles », indique M. Dominique Badets, coordinateur de la filière horticole.
Une option créée en partenariat avec les professionnels du secteur qui doivent embaucher des jeunes formés, non seulement à la production, mais aussi à la vente. La production sur l’exploitation du lycée (200m² de serres en certification plante bleue et AB) est mise en œuvre par les élèves de la filière horticole, de la production à la commercialisation.
« Ces ventes permettent, notamment, de financer des projets pédagogiques, c’est un cercle vertueux », souligne Pierre Lebas, Chef d’établissement du Lycée.

Durant le confinement, il a fallu s’adapter ! Le lycée a alors développé un drive pour ne pas perdre le fruit du travail des élèves et des équipes. Les élèves ont ainsi créé un site internet intégrant près de 150 fiches conseils plantes. Une opération qui a séduit les clients habituels et suscité l’intérêt auprès d’un nouveau public.

Dans certains établissements, les clients sont invités à se rendre directement dans les serres ou les champs pour des productions événementielles : chrysanthèmes en novembre, jacinthes en décembre, muguet …

Au Lycée Jeanne d’Arc de Pontarlier (25), l’aventure du Panier de Jeanne a débuté en 2013, avec 8 producteurs locaux. Ils sont 57 aujourd’hui, dont les ¾ se situent à moins de 30 km du lycée ! Au départ, fort d’une très grande couverture médiatique, certains commerçants ont estimé que c’était de la concurrence déloyale, mais avec un chiffre d’affaires de 70 000 €, ils ont rapidement admis que c’était surtout un formidable atelier de formation à leur service !

Là aussi, le projet est avant tout pédagogique puisqu’il permet aux élèves de bac professionnel Conseil Vente et aux étudiants de BTSA Vente de produits alimentaires et boissons de mettre en pratique les techniques de vente vues en cours, mais aussi de mieux connaître les produits, les circuits de production et de commercialisation. « Les producteurs locaux sont largement impliqués dans le fonctionnement puisqu’ils alimentent le magasin en produits, mais accueillent également élèves et étudiants sur leurs exploitations » indique Hervé Floch, Chef d’établissement du Lycée.

Une action, plusieurs objectifs !

La mise en place d’un magasin, d’un point de vente ou un drive permet ainsi de :

  • Concrétiser les apprentissages de la vente pour les apprenants des filières commerce ou SAPVER (service aux personnes et vente en espace rural). Allier théorie et pratique est une excellente porte d’entrée vers la vie professionnelle
  • Accompagner l’apprentissage de notions plus complexes des métiers de la vente et du commerce, telles que le marketing, la négociation, la publicité, le conseil client, la gestion du portefeuille de produits… sans oublier l’ensemble des techniques connexes à la vente : la logistique, le suivi des stocks, le conditionnement, la gestion des plannings…
  • Créer un débouché pour les productions de l’établissement et valoriser ainsi, économiquement, le travail des apprenants
  • Concourir au financement des établissements
  • Créer du lien avec les acteurs économiques du territoire, les producteurs notamment, et valoriser leur savoir-faire
Question à Corinne Lepine, formatrice IFEAP

Quelle réelle plus-value apporte un magasin pédagogique dans un établissement scolaire ?

“Un magasin constitue un support pédagogique attractif et précieux pour mettre en œuvre des apprentissages qui s’étendent, selon les filières, de la simple maîtrise du geste commercial à celle de la gestion d’un point de vente. La mise en situation réelle permet de donner du sens et de la cohérence aux différentes opérations commerciales et donc de susciter l’engagement des apprenants en les plaçant en situation de réussite.
Elle favorise le renforcement de compétences techniques et sociales qui vont accroître la professionnalisation des apprenants et favoriser ainsi leur insertion professionnelle.
Ainsi, une pratique régulière sur le terrain va développer la motivation, enjeu fondamental pour favoriser la consolidation du projet professionnel.

Depuis 2017, l’IFEAP propose des formations communes avec les enseignants de l’enseignement agricole public pour aider les établissements dans leur réflexion sur cette opportunité. Plus de 45 enseignants d’une trentaine d’établissements de l’Enseignement agricole Privé ont découvert la méthodologie de création, les enjeux, intérêts et utilisations pédagogiques d’un magasin. Depuis, certains magasins ont été créés, d’autres ont évolué dans leur forme. Gageons que demain, l’ensemble des établissements y compris dans les filières productions et services en verra l’utilité !”

Les spécificités points de vente des lycées du réseau CNEAP sont à retrouver, à partir de la page 169, dans le Guide RÉUSSIR AVEC LE CNEAP : Un réseau d’établissements au service des professionnels et des territoires. La prochaine édition de ce guide paraîtra au 1er trimestre 2021

Céline Reix, chargée de mission développement et partenariats
Corinne Lepine, formatrice IFEAP
Hervé Floch, chef d’établissement du Lycée UFA Jeanne d’Arc de Pontarlier (25)
Pierre Lebas, chef d’établissement du LTP Nay-Baudreix de Nay (64)
Dominique Badets, responsable de la filière horticole du LTP Nay-Baudreix de Nay (64)